Égypte-Tunisie : Enfin la démocratie comme pouvoir des peuples, par et pour les peuples ?

Ce qui se passe actuellement en Egypte (et dans une moindre, mais même mesure en Tunisie) par-delà les sempiternelles thèses du complot américain ou autre, peut aussi s’interprèter comme une consolidation du positionnement du peuple égyptien comme pôle concurrent de pouvoir.

Ce pôle est encore certes fortement relié à celui du pouvoir militaire qui contrôle le pays depuis le renversement du roi Farouk en 1952, avec des tenants comme le général Néguib au début, le colonel Nasser ensuite, remplacé après son décès inopiné en septembre 1970 par Anouar-el-Sadat, lui aussi issu de l’Armée.  Le maréchal de l’air Hosni Moubarak qui régna sur l’Égypte du 6 octobre 1981 jusqu’à son renversement en 2011 tout comme ses prédécesseurs, était lui aussi issu  de l’Armée. Consécutive au «printemps arabe» déclenché en Tunisie, sa chute a constitué la première étape de la naissance d’un pôle de pouvoir issu du peuple dans ce pays, depuis l’Antiquité pharaonique.  En Tunisie, lec choses étaaient légèrement différentes, puisque Bourguiba, avocat de de métier fut porté démocratiquement au pouvoir en 1956 avec l’indépendance de son pays qu’il arracha de haute lutte à la France, ancienne puissance tutrice. Il fut remplacé en octobre 1987 dans un «coup d’État médical» savamment orchestré par le général Zine El Abidine Ben Ali, son ancien Premier ministre et première victime du printemps arabe, en janvier 2011.

En Égypte maintenant et quel que soit le cas, le nouveau pôle de pouvoir que le peuple est en train de constituer ne cessera plus de s’affirmer, contre les militaires, tout comme contre les Islamistes, qui ne sont certainement pas la majorité des Égyptiens.  Mais ils ont voulu se présenter comme les seuls et uniques représentants du peuple, lors même qu’ils ne furent pas à l’origine des bouleversements que le printemps arabe avaient entraînés. Et s’apprêtaient à confisquer ces révolutions à leur seul compte, sans possibilité de contestation démocratique, coupant ainsi la voie à toute forme d’alternance démocratique.

De ce fait, les enjeux des affrontements actuels sont des plus importants pour l’avènement d’une veritable démocratie, qui se définit comme le pouvoir du peuple, pour le peuple et par le peuple. Ce ne sera ainsi que pain bénit – dans ces deux pays et on l’espère, dans bien d’autres pouvant être considérés à juste titre comme des «pseudo-républiques pré-démocratiques».

En Afrique nord et sub-saharienne, et ailleurs dans le monde.

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