L’habitude s’est installée dans les medias français, notamment “Jeune-Afrique” et TV5 Afrique de toujours appeler un homme, une femme politique qui n’est pas au pouvoir, un opposant ou une opposante. Fort bien, pace que ces hommes et ces femmes s’oppsent à des pouvoirs en place qui ne sont pas souvent des modèles de gouvernance responsable. Ce qui est tout à fait légitime dans ces pays qui se veulent de plus en plus “démocratiques”. En effet et en démocratie, l’opposition fait partie des règles du jeu, contrairement aux regimes de parti unique que la plupart des nouvelles démocraties africaines ont connus.
Là où le bât blesse, c’est qu’en France-même, un homme ou une femme politique qui n’est pas (ou plus) au pouvoir n’est jamais – au grand jamais – appelé “opposant” ou “opposante”. C’est toujours tel ou tel, Ségolène Royal, Martine Aubry Secrétaire generale du parti socialiste quand c’est la droite qui est au pouvoir, ou Chirac, president du RPR, Sarkozy president des Républicains, lorsque c’est la gauche qui a remporté les dernières elections, etc.
L’étiquette negative d'”opposant” ou d'”opposante” systématiquement accolée à ceux et celles qui ne sont pas encore au pouvoir – surtout en Afrique – est à mon avis, une manière insidieuse de les délégitimer, de presenter de manière subconsciente, consciente ou inconsciente comme des irresponsables, des personnes indignes d’accéder légitimement au pouvoir. Une manière de conforter les pouvoirs en place qui évidemment pensent ainsi, du fond de leurs coeurs de “democrates” à peine convertis aux vertus de celle-ci, enfermés qu’ils sont encore dans leurs mentalités d’héritiers légitimes ou illégitimes des partis uniques, unifiés ou d’État d’il y a quelques années à peine. ET dans lesquels s’opposer aux positions du “Président-Fondateur” constituait un crime, passible de la peine de mort dans plusieurs cas bien connus. Diallo Telli sous Sékou Touré, par exemple, pour ne citer que ce cas très emblématique.
Ceci doit cesser, dans la mesure où avec des mots, on peut dire beaucoup. Partout dans le monde, s’opposer est un devoir légitime, un droit humain indéniable et inalienable. Ceci parce que personne ne détient la vérité absolue.